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"LES CALANQUES : SMART COMMONS"

Imaginary
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[SCÉNARIO] En 2030, les calanques deviennent un commun à empreinte écologique positive

"LES CALANQUES : SMART COMMONS"

Le 15 octobre 2015 à l'Ecole supérieure d'arts d'Aix-En-Provence, dans le cadre de l'exercice de prospective annuel « Questions Numériques » de la Fing, 50 innovateurs, chercheurs, acteurs publics, designers, entrepreneurs, acteurs publics… ont imaginé des scénarios de transition autour du thème « Vers un numérique écologique by design ».

Troisième scénario tiré de l'atelier : "Le parc national des calanques : une gestion en "smart commons" pour une empreinte écologique positive"

 

I/ Récit

 

Le parc national des calanques représente un défi écologique particulier. Si il est catégorisé comme parc national et doit donc être, par nature, préservé des pollutions, il se situe à proximité de l’agglomération marseillaise : il doit jongler entre usages des habitants, des entreprises du territoire, accueil des visiteurs et auto-préservation.

 

Il s’agit en effet du seul parc péri-urbain de France. Il ne subit pas seulement la pollution humaine de ses visiteurs mais aussi celle des parties-prenantes du territoire. Il est soumis aux risques de surfréquentation terrestre1 et marine (incendie, dégradation de la faune et de la flore, ...) et aux pollutions urbaines et industrielles (rejets de boues rouges2, ...). Et pourtant, il est le trésor du territoire et de ses habitants.

 

Le parc représente donc un système complexe, qui fait jouer différentes variables : mobilité, participation citoyenne, articulation entre intérêts privés et publics, stratégies de disrupteurs…

 

1. On nous souffle qu’il est parfois difficile d’accéder au parc, les routes sont régulièrement barrées pour réguler la fréquentation mais les habitants bien renseignés et aux moyens financiers conséquents peuvent contourner l’interdiction en réservant aux restaurants du parc.

2. En décembre 2015, l’autorisation pour une entreprise de rejeter ses résidus dans le parc prend fin, et les habitants sont invités à se prononcer sur le renouvellement ou non de ce droit (une enquête publique a été commandée)

Vers quels horizons désirons-nous aller ?

 

Le parc en 2025 : “les calanques : smart commons”

 

  • Le parc a vu augmenter son attrait (ce qui ne veut pas forcément dire qu’il accueille plus de monde mais plutôt qu’il devient un parc plus accueillant) tout en réduisant son empreinte écologique ;

  • Il est même devenu un parc à empreinte écologique positive ;

  • Il dialogue avec différents corps de métiers du millefeuille institutionnel présents sur le territoire ;

  • Il a transformé son service de valorisation, d’accueil, d’entretien ;

  • Il est devenu un espace démocratisé, de sensibilisation, de prévention.

 

Les calanques sont un bien rival (aujourd’hui ceux qui « consomment » les calanques empêchent les gens d’y avoir accès) elles pourraient devenir un bien non rival, un commun.

 

Avec qui devons-nous y aller ?

 

Les acteurs du parc, qui, pour la plupart, opèrent en silo :

  • Equipe du parc

  • Etatique : ville, région, dép, national, europe, institutions (ex : Ademe)

  • Habitants (cabanons)

  • Les entreprises présentes sur le parc (restaurants, pêcheurs...)

  • Association de sauvegarde

  • Association sportive

  • Les visiteurs (terre et mer)

  • Les entreprises et organisations limitrophes (par exemple, l’une des entrées du parc est occupée par le Parc Scientifique et Technologique de Luminy accueillant des milliers d’étudiants, chercheurs etc)

 

Comment alors penser la transition de ce parc ? Quel rôle le numérique a-t-il à jouer dans cette transition, en tant qu’outil mais également en tant que force et inspiration ?

 

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A - Basculement

 

Fait déclencheur 1 : Le Parc subit une surfréquentation massive qui détruit la biodiversité et crée des problèmes de stationnement, de circulation, particulièrement le w.e et les jours de beau temps.


Fait déclencheur 2 : Le  risque incendie s'accroît, la pollution quotidienne des visiteurs également. La situation n’est plus durable et l’équipe du parc, débordée, le fait savoir.


Des premiers temps difficiles : Les 1ers réflexes suscitent des controverses féroces : rendre l’accès au parc payant et la réservation obligatoire ! Les seconds sont inefficaces : coupler l’offre de transport public avec des solutions de co-voiturage permet un certain désengorgement, mais ne résous en rien la pollution associée aux visites, voire l’accroit.


Péripétie N°1 : D’éparpillés et évoluant en silos, les acteurs du parc présents sur les lieux (restaurants, entreprises, équipes, associations…) et les acteurs en dehors, qui composent l’ensemble des visiteurs, représentés par les élus du territoire, s’organisent. Ils se regroupent au sein d’un collectif pour déterminer la stratégie à suivre.


Péripétie N°2 : Pour créer une gestion des flux de mobilité souple et modulaire qui implique toutes les parties prenantes du parc, une plateforme reposant sur un système de collecte et d’analyse des données - partagées par ces mêmes parties prenantes - est mise en place. Elle permet de modéliser l’affluence, de la prévenir en établissant un dialogue avec les potentiels visiteurs pour l’ajuster, changer les comportements de manière collaborative.


Dénouement : les calanques : smart commons Le collectif, dans le souci de créer de la confiance autour de la plateforme et de ses modélisations, décide d’ouvrir son code, ses données et ses algorithmes, de créer un espace de discussion et de sensibilisation vis-à-vis des propositions de mobilité personnalisées faites aux potentiels visiteurs. L’acteur étatique ne supervise pas le collectif, mais en devient membre. La transparence du service et des règles qui régissent le collectif, la possibilité pour chaque partie prenante de les modifier, s’étendent à d’autres thèmes que la mobilité : le “pot commun” de données est élargi et le principe de commun est utilisé pour cogérer la biodiversité, le traitement des déchets, etc…

  Chemin - calanques - aix

B - Effet rebond

 

Augmentation du nombre de données à stocker dans des datacenters énergivores !


 

C - le système autour du scénario

 

Un dispositif “intelligent”…

 

  • Une mobilité qui, une fois modélisée, est reconfigurable, une mise en relation de l’offre et de la demande en temps réel. Attention il ne s’agit pas de big data au sens descendant du terme mais bien d’empowerment des individus, qui, informés et outillés, peuvent prendre la décision de suivre les suggestions/modélisations de la plateforme elle-même gérée par un collectif distribué.

  • Abondance des data territoriales qui nécessite l’alliance d’acteurs du numérique (start-ups, openstreetmap, data scientists), villes, habitants, entreprises, et bien sûr parties-prenantes du parc.

 

… accompagné par un collectif à la gouvernance ouverte et reconfigurable

 

Le parc est géré en tant que bien commun, ce qui nécessite que les règles qui régissent le collectif et la gestion du parc soient transparentes et modifiables par les membres du collectif. Le collectif s’assure de la transparence du système en documentant de manière ouverte le dispositif et en créant les conditions du dialogue autour de celui-ci :  il établit des actions de sensibilisation, est rejoint par des artistes, des designers, des médiateurs des données qui jouent un rôle crucial pour la représentation, la compréhension et le dialogue autour des données.

 

… qui vise à transformer les comportements à tous les niveaux du parc

 

Transformer le comportement des visiteurs, prévenir la surfréquentation plutôt que la guérir, voilà l’objectif atteint par le collectif.  Les algorithmes prédictifx ont permis de transformer les comportements des gens et de créer une fréquentation plus harmonieuse pour le bénéfice de la nature et de ses “usagers”. La fréquentation devient plus raisonnable, plus “maligne”, plus diverse dans les types de publics accueillis.

 

Le collectif ne peut fonctionner sans une articulation ville/parc. Le développement territorial, l’organisation du territoire péri-urbain et la relation entre les acteurs présents sur le parc et les visiteurs, sont transformés sur le modèle de la prévention de la surfréquentation.

 

Le “pot commun” de données qui émanent de tous les acteurs du collectif (club de sport, restaurant etc) et des acteurs du territoires, permettent à ces mêmes acteurs de co-gérer/co-contrôler le parc au niveau de la biodiversité, des circuits etc. Les données, utilisées pour la gestion du commun, deviennent elles-mêmes un commun.

 

Le collectif derrière la plateforme ne fait pas que l’alimenter en données mais s’organise de manière distribuée pour construire une gestion du parc qui créé une valeur d’usage équitable pour tous. En terme d’usages commerciaux (pêche, restaurant, …), d’usages récréatifs (activités sportives, visites, ..), d’usages scientifiques (création de connaissances communes sur le parc), …

 

Ce partage de la valeur d’usage est reconnu juridiquement. L’acteur étatique ne conserve pas son rôle de prescripteur mais est associé au collectif au même titre que les membres de celui-ci, qui disposent donc de droits d’usages collectifs qui impliquent en contrepartie des devoirs et des responsabilités, de bonne gestion, de préservation de la qualité de l’environnement, de transparence et d’équité.

 

II/ Ce qu’on apprend du récit

A - Controverses

 

  • Les entreprises limitrophes du parc vont-elles jamais vouloir participer au commun ? (cf : déversement boues rouges)

 

  • Les habitants sont-ils prêts à utiliser les nouveaux services souples ? quel accompagnement à prévoir, quelle sensibilisation ?

 

  • Désorganisation des services au public ?

 

  • Conflit entre habitants des mêmes villes, qui n’ont plus les mêmes espaces/temps/services ?

 

B - Rôle du numérique

 

Trois leviers numériques sont à l’oeuvre dans cette histoire de transition :

 

  • Open : les données, le code, les logiciels, l’algorithme, la documentation, les règles de gouvernance, …, sont ouverts et modifiables par tous.

  • Smart : les données agrégées et les modélisations, projections qui en découlent sont nécessaires pour gérer le parc en commun. Ces données constituent en elles-mêmes un commun.

  • Distribué, capacitant, collaboratif : distribution, aux parties-prenantes du collectif gérant le parc et aux potentiels visiteurs - de l’information et des capacités. Les réseaux sont nécessaires pour la gestion distribuée du collectif.

 

C - Quels autres systèmes peuvent espérer bouger dans ce genre d’histoire ?

 

  • Frugalité intelligente

 

Le parc, en étant géré en bien commun, via un “pot de données en commun”, permet de faire des économies majeures tout en créant une valeur d’usage plus grande. Une nouvelle forme de frugalité apparait dans la mise en place et le financement des projets. Ils sont dorénavant entrepris non pas en se basant sur la valeur économique qu’ils vont produire mais sur les économies - ancrées sur une réalité locale - qu’ils vont engendrer. Un problème cependant, le calendrier électoral : si  l’économie n’est pas valorisée dans le temps du mandat, le projet risque de ne pas être financé par l’acteur étatique ?

 

  • Des hommes et des communs

 

Multiplication des collectifs prenant les décisions pour les ressources présentes sur leurs territoires (ressources matérielles et immatérielles)


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