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Comprendre l' "Innovation Facteur 4" (2/3) : l’innovation Facteur 4 existe, nous l’avons rencontrée !

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2e billet sur les relations entre innovation et écologie : quels projets sont emblématiques de l' "Innovation Facteur 4" ?

Comprendre l' "Innovation Facteur 4" (2/3) : l’innovation Facteur 4 existe, nous l’avons rencontrée !

Le premier billet de la série "Comprendre l'Innovation Facteur 4" proposait une définition de "l'innovation Facteur 4", qui emprunte pour partie à la culture de l'écologie et aux méthodes agiles, open, transformatrices ... du numérique.
Il se terminait par ce constat :

Beaucoup de projets qui incarnent cette innovation Facteur 4 sont aujourd’hui soit sous les radars des dispositifs de soutien à l’innovation existants, soit, quand ils sont identifiés, ils sont traités comme n’importe quels autres projets. C’est un problème et un manque. Or, nous aurons certainement besoin de telles innovations pour résoudre les défis de la Transition écologique.

Intéressons-nous maintenant, par l'exemple, à mieux qualifier ces projets à vocation "Facteur 4".

Soit ces cinq projets, qui en apparence n'ont pas grand chose à voir, si ce n'est qu'ils ont tous une finalité "verte" :

 

  • Qurrent : un fournisseur d'énergie néerlandais qui favorise d'abord l'échange local d'énergies entre ses clients et l'équilibrage de la charge, jusqu'à proposer une tarification forfaitaire, indépendante de la consommation, qui l'invite lui-même à vendre le moins de Kwh possibles !

  • Open Source Ecology : un projet ouvert qui vise à recréer et partager des versions "libres" des 50 machines indispensables pour permettre à un village rural de vivre, conçues pour pouvoir être fabriquées, utilisées et réparées localement.

  • Blablacar : partager à grande échelle l’usage de la voiture.

  • Tesla Powerwall : une batterie résidentielle qui se charge (idéalement grâce aux panneaux solaires du foyer) en journée et s’utilise le soir, pour viser l’autosuffisance énergétique.
  • Le véhicule électrique autonome, imaginé comme le point de départ d'une "grappe d'innovations" autour de la mobilité, de l'énergie, de l'organisation urbaine, etc.

Open source ecology

Les machines à construire et réparer soi-même proposées par Open Source Ecology

Qu'ont en commun ces projets ?

 

Des initiatives comme Qurrent ou BlaBlaCar se pensent comme des "disrupteurs" : ce sont des modèles de plate-forme, dont la fonction est de ré-organiser le marché (de l'énergie pour un, du transport automobile pour l'autre). La densité technologique de leur innovation est plutôt faible (à l'inverse de la batterie de Tesla).

Le véhicule électrique autonome relève d'une autre approche, plus industrielle : pour se réaliser, il faudra associer un grand nombre de d'acteurs dans un écosystème, une R&D lourde et coûteuse, des investissements lourds en infrastructures, des règlementations adéquates, ...

Le projet Open Source Ecology vient encore d'un autre univers, celui de l'Open Source. Sa proposition de valeur s'articule d'abord autour d'un effort de documentation et de circulation de la connaissance, pour organiser un passage à l'échelle important.

Que l'on croit ou non à ces promesses, qu' l'on vénère ou se méfie des acteurs qui les portent, ces innovations proposent, au moins dans leur intention, de contribuer de manière importante à la réduction de l'empreinte écologique. C'est bien ce qui nous intéresse ici.

Beaucoup d'autres projets nous semblent s'inscrire dans cette lignée. Pour commencer à les classer, à en saisir les spécfificités et différences, nous sommes allé en rencontrer quelques-uns.  

Koolicar

Source : http://ethictory.co

 

Sans prétendre à ce stade parler de "typologie", nous proposons de distinguer deux grandes “familles” de projets :

 

  1. des projets "distributifs” : les projets qui “délivrent” l’impact écologique jusqu’au client – quel qu’il soit. De par le simple usage du produit, service, dispositif, le client contribue à réaliser la promesse de l’impact ;
  2. des projets "génératifs” : les projets dont la fonction est de favoriser l’émergence, l’essaimage ou la croissance d’autres projets de type “distributifs” et/ ou la multiplication d’initiatives (entreprises, associations, réseaux, ...) à fort impact.
PROJETS "DISTRIBUTIFS"

 

TYPES

CARACTÉRISTIQUES

EXEMPLE

1- Le disrupteur écologique

Une start up force un marché occupé par des acteurs installés depuis longtemps. Le marché ne change pas, ses acteurs oui.

Koolicar (location de voiture entre particulier),  Totem Mobi (autopartage), Qurrent

2- L’entité “Zéro”

L’ensemble des process de fabrication, distribution, recyclage des produits… liées à l’activité d’une organisation se fixe un objectif “zéro empreinte”. Ici, le même marché, les mêmes produits coûtent zéro à la planète.

Interface.inc (fabricant de dalles de moquette commerciale), Patagonia (vêtements techniques éco-conçus)

3- L’impact “Plug and Play“

Un nouveau produit, qui se greffe aux produits et équipements existants, “produit” du facteur 4. Il ne nécessite aucune autre transformation et se suffit à lui-même.

 

Nozzle (embout de robinet qui transforme l'écoulement de l'eau pour le réduire de 98%), RegenBox (régénérateur, open source, capable de régénérer tout type de pile)

4- L’ "organisateur de boucles"

Les projets qui organisent l’économie circulaire (réparer, ré-utiliser, ré-employer, recycler)  à l’échelle d’un territoire, d’un quartier, d’un pays, etc.

Tomra (récupération et tri), Delta Development

 

Nozzle

L'embout de robinet proposé par Nozzle
 

PROJETS "GENERATIFS"

TYPES

CARACTÉRISTIQUES

EXEMPLES

1- Innovation “radicale”

Une innovation radicale est mise au service d’un impact écologique important : il y a un avant et un après en terme “Facteur 4”. La caractéristique de cette innovation est qu’elle a un effet d’entraînement fort, elle doit s’accompagner d’autres produits/services/infrastructures pour exprimer son potentiel.


Le véhicule autonome partagé

2- Services tremplins

Les dispositifs dont la fonction est d’aider un grand nombre de projets à essaimer et/ou passer l’échelle.

 

Ils peuvent être de deux types :

  • A vocation de partage et de documentation : rendre accessible et porter à connaissance les plans, cartographies, outils, … pour répliquer, dupliquer ou améliorer des projets. Ils peuvent prendre la forme de “Communs”.
  • A vocation de service support : proposer des formations, des espaces de collaborations et d’expérimentation…

Open Source Ecology

 

Ferme d’avenir (développement de l'agroécologie et de la permaculture)

 

 

3- Dispositifs de mesure

 

Les outils et dispositifs de mesure dont la fonction est d’outiller des acteurs, y compris les plus petits, à mesurer leur impact, facilement (par exemple, sans en faire un grand projet informatique long et coûteux ou bien qui ne nécessite pas un reporting fastidieux).



IPI, International Platform for Insetting (plate-forme de certification d'initiatives d'insetting via la block chain)

4- Dispositifs de financement

Les dispositifs de financement qui pondèrent leurs exigences en matière de rentabilité économique avec l’exigence écologique.

Plate-formes de crowfunding (Lumo, lendosphere, BlueBees, Miimosa...)

 

Ferme d'avenir 2
La ferme d'Avenir expérimentale en Touraine

Un projet qui manque à la liste qui nous livrerait plein d'enseignements ? Une "catégorie" évidente manquante ?
N'hésitez pas à nous les signaler !

De là, nous chercherons à mieux comprendre les spécificités de ces projets, en dresser les "frontières", puis chercher à les analyser : ce sera l'objet des deux derniers billets.

 

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