Qu'est-ce qu'un numérique « capacitant », et en quoi outille t-il la transformation de soi et les changements de comportement ?
Cette synthèse est issue de la journée “Connecteur Recherche Transitions²” du 14 juin 2016.
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Que sait-on vraiment d’un numérique « capacitant », qui outillerait les pratiques actives des individus, la transformation de soi, les changements de comportement ou les modes de mobilisation ? Aide t-il à rendre plus accessible les enjeux, les difficultés, les prises de décisions collectives ?
Place to B http://www.placetob.org/ est une organisation à but non lucratif de dimension internationale "qui rassemble des narrateurs du monde entier désireux de ré-inventer les modes d’expression autour de la transition écologique et du changement climatique".
3 objectifs :
Fédérer : en marge de la COP21, Place to B a réuni à Paris et en région une communauté de “narrateurs du changement“ aux profils très variés (journalistes, communicants, artistes, graphistes, chercheurs…). “Nous avons décidé de prolonger cette expérience par la création d’un réseau : “Narrators for Change”.
Etudier : The Baseline est un espace de veille et un laboratoire d’idées dont le but est de faciliter la compréhension d’études scientifiques qui permettent de mieux communiquer sur le réchauffement climatique et les enjeux environnementaux, pour passer d’une communication traditionnelle à un réel changement de comportement citoyen.
Transmettre : rendre accessible à tous le fruit de notre travail et celui de la communauté est l’une de nos priorités. Un laboratoire centre de ressources s’est monté pour agréger des narrateurs et communicants en lien avec une communauté d'experts : http://www.placetob.org/the-baseline/
Ressources et pistes de croisement
Le collectif a publié quelques travaux comme une étude portant sur le rôle que peuvent jouer les visuels et les photos sur le ressenti sur le climat : comment mettre à profit les photos sur le changement climatique pour impliquer les citoyens, appréhender les réactions ? L’idée serait de diffuser cette étude lors de la COP22, mais aussi de l’élargir (Canada).
http://www.climatevisuals.org/
Autres ressources mentionnées :
Sur la question de la mesure de la sensibilisation ? - Jean-Baptiste Comby http://ifp.u-paris2.fr/68531050/0/fiche___pagelibre/
Relations à engager avec les Centre permanent d'initiatives pour l'environnement www.cpie.fr
Sparknews www.sparknews.com "impact journalism day"
Présentation du projet de recherche :
http://www.telecom-bretagne.eu/lexians/2015/recherche/lancement-de-lexperimentation-solenn-solidarite-energie-innovation/
Du côté de ses concepteurs, le Linky est porteur de promesses :
Pour les individus : amener les utilisateurs de Linky à avoir une meilleure maîtrise énergétique
Pour les fournisseurs : mieux gérer les pics, éviter de couper l'électricité et lisser (“mieux vaut que chacun ait un peu d'énergie plutôt que certains en aient beaucoup et d'autres pas du tout”).
Parmi les acteurs engagés dans l’étude : EDF, l'agence locale de l'énergie, 2 associations de consommateurs, Lorient Agglomération et bien sûr l’équipe de recherche inter-disciplinaire (marketing, sociologie, ergonomie).
A noter que les chercheurs en “SHS” ont été associés dès le début du projet, et non pas juste à la fin.
Côté accompagnement, des dispositifs de médiation individuelle et collective ont été mis en place.
Où en est-on du travail de Recherche ?
L’idée est de mener les observations sur 2 hivers, pour pouvoir regarder la progression des pratiques.
Côté “panel”, environ 1000 utilisateurs côté quantitatif.
Entre 100 et 150 personnes selon les échantillons : des entretiens + des tests d'usage ergonomique.
Quelle sont les hypothèses de recherche, ce qu’on cherche à regarder ?
Comment les utilisateurs s'approprient-ils :
la technologie en tant que telle ;
la consommation d'électricité : quelles pratiques se développent autour de cet objectif ?
la modification des relations sociales sur le thème de l'énergie et de l'environnement. Par exemple : comment ces dispositifs technologiques peuvent modifier les rapports ados/adultes, introduire de la discussion sur la manière dont le foyer consomme... Est-ce que les gens montent en prise de conscience ?
Ressources et pistes de croisement
Comparer études Linky au travail sur les BEPOS (familles mais sans Linky)
L’expérience http://www.effineo.com/ à Nantes avec un office HLM (quartier Malakoff) : l'installation de l'ADSL dans les immeubles a permis d'économiser 20% des dépenses de chauffage du fait de la prise de conscience des consommations par les foyers. Cela a permis d'autofinancer la moitié de l'investissement de l'accès haut-débit à Internet.
Le Projet Ouranos, au Canada https://www.ouranos.ca/ ("Consortium sur la climatologie régionale et l'adaptation aux changements climatiques") qui mobilise la Recherche sur des questions comme les évolutions possibles du changement climatique sur les rives du Saint-Laurent (présence d'un hôpital, d'un point de vue touristique, et pas seulement d'un risque inondation).
Aquitaine démarche Acclimaterra : http://www.acclimaterra.fr/rapport-page-menu/
Ben Lefter "Sivens, un barrage contre la démocratie"http://www.lespetitsmatins.fr/collections/sivens-un-barrage-contre-la-democratie/
www.iddri.org
Un précédent sur un travail sur la "Smart City" posait la question : qu'est-ce qu'il y a derrière ce concept ?
Avec notamment un changement majeur : celui des data dans la ville : qui les produit, qu'est-ce qu'on en fait et pourquoi (Piloter ? Outiller ? Optimiser ?)
Avec néanmoins ses limites : le Linky permet sur le papier de maitriser sa consommation mais ce n'est pas pour cela qu'ils vont le faire…
Une piste moins explorée est celle des data comme nouvelle forme de dialogue : des données qui ont du sens pour les habitants autant que pour les villes.
Ex : FixMyStreet https://www.fixmystreet.com/, qui permet de signaler un "problème" dans la ville à la collectivité.
Il y a plusieurs dimensions qui intéressent la Transition écologique :
Le recensement de biodiversité (voir http://www.iherbarium.fr/ )
La remontée d'usages (ex : nouveau système de traitement de déchets),
La co-construction : ex : le budget participatif de la ville de Paris, avec un vote sur les projets effectifs à mettre en oeuvre
Sur ces 3 niveaux, les données donnent une information utile à la ville et participent à un processus de participation
Qu'apprend-on sur FixMyStreet ? Comment les villes souhaitent l'utiliser ?
Des premiers résultats : "aujourd'hui, on ne va pas plus loin que le "presse bouton".
Des pistes à creuser :
o A quel moment arrive le citoyen ? Une fois que l'outil est tout construit et opérationnel ? Ou bien est-ce qu'on travaille avec lui sur l'outil ? (ex : il faut un forum ? Il faut de la rétribution ?)
o Sur quoi doit-on faire porter le crowdsourcing : exemple du plan biodiversité de la mairie de Paris : que peut faire le citoyen ? Recenser les tracés de déplacements du vélo ? Contester ? Accompagner des changements de système.
A l'opposé, des projets comme "Nice ville numérique" ne font porter la concertation que sur des questions peu importantes pour les gens : ex : quelle est la couleur du Tramway ?
Ressources et pistes de croisement
Travaux de Laurence Monnoyer-Smith : autorisation d'aborder des thématiques non anticipées ou prédéfinies par l'institution
Expérience de Stéphane Juguet : Quel modèle économique pour la ville foraine ? http://www.userexperience.fr/ville-foraine/
L'empowerment est une démarche qui vise à développer la capacité des gens à agir sur ce qui les concerne.
Dans une perspective démocratique, le premier niveau d'action c'est la qualification des problèmes, (c'est à dire la qualité de l'air, de l'eau). La qualité se définit, s'analyse et s'évalue selon des critères. On connait le débat sur la mesure ou non mesure des particules fines ou les perturbateurs endocriniens.
A propos de la transitions écologique, on court en effet le risque que le sentiment d'urgence à agir pour le climat suscite des désirs de prescription et de normalisation un tantinet tyranniques même si c'est au nom d'intentions bienveillantes.
On retrouve ici la tension dans l'articulation entre les questions de l'agir individuel et l'agir collectif.
Les instruments connus pour susciter l'action collective sont la régulation par le marché avec un signal prix, la régulation par l'autorité hiérarchique, la loi, en sanctionnant les écarts à la norme. On peut aussi jouer sur l'influence pour susciter de nouveaux comportement que cela soit via les Nudge ou à l'aide de dispositifs de communication qui suscite des comportements mimétiques. Cela peut s'appuyer sur des normes issues de coconstruction.
Ce qui fait problème aujourd'hui : comment les capacités qu'on a de produire des informations sur l'environnement, d'avoir des espaces de modélisation vont nous permettre de nous mettre en controverse, d'établir des compromis et non pas d'être en mode prescription.
Le mot "Transition", qui supposerait qu'on passe d'un état instable à un autre état stable, est trompeur alors qu'on est en continuel mouvement.
Donc, l'empowerment est d'abord une construction de dispositif de discussion - avec le risque de tout discuter tout le temps. On a besoin d'avoir des décisions révisables, des compromis renégociables.
Ressources
L’ “Empowerment washing”
La capacitation pour faire "passer la pilule" – voire même en profiter pour se décharger de problèmes sur le citoyen
Un manque de travaux sur les trajectoires d'autodidaxie dans les champs écologiques.
L'information produites par les citoyens et son usage dans les décisions urbaines : les data comme nouvelle forme de dialogue, des données qui ont du sens pour les habitants autant que pour les villes.
La qualification de l'information citoyenne
Le rôle du visuel, de l'image sur les changements de comportements
L'appropriation du Linky et pas seulement sur la résistance et la contestation : les modifications des relations sociales, les changements de comportement…
Les effets rebonds autour du linkiy : la domotique, les pinces, les capteurs qui vont s’y pluguer… Est-ce que ça sera durable ?
La résistance au Linky